Les phobies spécifiques
sont considérées comme les troubles d’anxiété
qui se traitent efficacement grâce à la thérapie
cognitivo-
comportementale (TCC). Des améliorations significatives
peuvent survenir aux cours d’une seule séance
de 2-3 heures. Ces séances consistent à exposer
graduellement et en toute sécurité la personne
au stimulus redouté jusqu’à ce qu’il
ne produise plus de réaction de peur. On a même
trouvé que la TCC était aussi efficace lorsqu’elle
était administrée par l’entremise d’un
« livre d’aide ».
Inversement, les recherches indiquent que les médicaments
comme les antidépresseurs et les anxiolytiques qui sont
efficaces pour le traitement de la plupart des troubles anxieux,
n’ont que peu d’effets sur les phobies spécifiques.
Lorsqu’une personne
parvient à
éviter l’objet ou les situations à l’origine
de sa phobie, il arrive qu’elle puisse avoir une vie
relativement normale. Cependant, quand l’individu doit
prendre des mesures excessives pour éviter la situation
qui l’angoisse, on parle de fonctionnement pathologique
et il importe alors de chercher de l'aide.
LES PHOBIES
Contrairement à l’attaque
de panique où le stimulus à l’origine
de la réaction émotive est diffus ou inconscient,
la phobie est une peur irrationnelle mais déclenchée
consciemment par un
stimulus spécifique ou d’une situation particulière.
Lorsque mis en présence de la chose
ou de la situation qui provoque la peur phobique, la personne éprouve
une grande anxiété et un désir pressant d’être
ailleurs. Cela l’amène à adopter des comportements
d'évitement qui peuvent devenir de lourds handicaps sociaux.
C’est le cas des phobies sociales et de l’agoraphobie,
les deux phobies les plus fréquentes issues de situations
particulières.
La phobie sociale est une peur excessive d’être
obligé d’agir en société. Les personnes
qui en souffrent ont évidemment une peur chronique de prendre
la parole en publique, mais peuvent aussi éprouver une grande
détresse en assistant à une soirée, en mangeant
dans une cafétéria, en écrivant en présence
d'autres personnes, ou simplement en discutant avec des gens ou
en rencontrant de nouvelles personnes.
En
fait, la simple pensée d'avoir à interagir avec d'autres
personnes inspire une grande crainte à l’individu souffrant
de phobie sociale. Celui-ci a constamment peur de dire ou de faire
une bêtise et se soucie d’une façon maladive
de ce que son entourage peut penser de lui. Sa vie sentimentale,
sociale et professionnelle est marquée par les occasions
perdues et aboutit souvent à la solitude.
On ne parle donc pas ici de simple timidité
ou d’un sentiment de gêne qu’on peut éprouver
en présence d’autrui et qui permet de mobiliser nos
forces pour s’y adapter. Les personnes souffrant de phobie
sociale se coupent carrément d’une foule d’activités
pour éviter les situations qui provoquent cette anxiété,
entrant dans un cercle vicieux qui entretient la phobie sociale.
L’agoraphobie est, d’une certaine manière,
encore plus invalidantes que la phobie sociale puisque c’est
ici le seul fait de se retrouver dans des lieux publics qui déclenche
la peur. Les personnes agoraphobes évitent ainsi de se retrouver
dans des magasins, dans les moyens de transport en commun, dans
une foule, etc.
Ce
que les personnes atteintes d’agoraphobie disent craindre
surtout, c’est de se retrouver dans des endroits qu’il
serait difficile de fuir ou dans lesquels elles ne pourraient obtenir
d’aide en
cas d’une crise de panique. Certaines agoraphobies peuvent
d’ailleurs se développer suite à
une attaque
de panique embarrassante survenue en public.
L’agoraphobie peut même amener
la personne qui en souffre à se cloîtrer dans la sécurité
de sa maison. Certains refusent même carrément de sortir
de leur domicile, parfois pendant des années.
Comme pour la plupart
des troubles anxieux, les thérapies psycho-sociales
sont un allié des médicaments pour traiter
les troubles paniques. On y encourage les patients à comprendre
leurs épisodes de panique et à en cerner les
déclencheurs. Par exemple, les thérapies de
relaxation peuvent les munir d’outils précieux
pour faire face aux situations anxiogènes.
Les troubles
anxieux apparaissent lorsque le
système d’alarme de l’organisme
s’emballe et devient hors de contrôle. À
cause de la similarité des réponses physiologiques
qui les accompagnent, on peut considérer les différents
troubles anxieux comme des variations sur le même thème,
celui de l’anxiété,
avec des similarités importantes entre eux mais aussi
des différences non négligeables.
LES TROUBLES PANIQUES
Les troubles paniques sont semblables aux
phobies et à l’état
de stress post-traumatique en ce qui concerne l’intense
montée d’angoisse
qu’elles provoquent mais se distinguent par le fait que l’origine
de cette angoisse est plus souvent interne que reliée à
un stimulus externe donné. Il devient alors très difficile
pour le patient de développer des comportements d’évitement
ciblés comme peuvent le faire par exemple les personnes atteintes
de phobies spécifiques. En fait, certaines personnes souffrant
de troubles paniques développent des comportements d’évitement,
mais envers une catégorie si large d’endroits que l’on
parle alors de troubles
paniques avec agoraphobie.
Une façon
courante de comprendre ce phénomène est de le
voir comme un conditionnement entre un phénomène
physiologique particulier (par exemple une hausse de pression
artérielle) et une situation désagréable
(comme une agression). Par la suite, l’activation du même
phénomène physiologique (la hausse de pression
artérielle) provoqué par une toute autre situation
(une discussion devant un supérieur ou un vaste public
par exemple) fera augmenter la pression qui, par association,
fera ressurgir le sentiment désagréable qui enclenchera
l’état de panique.
L’amygdale,
cette structure cérébrale dont les
circuits internes commencent à être connus, semble
être la région du cerveau toute désignée
pour créer cette association entre une réaction physiologique
et une situation menaçante.
L'ESPT est souvent accompagnée
de dépression et,
dans les cas graves, la menace de suicide est
réelle. Comme c'est le cas pour toute maladie psychiatrique,
les personnes souffrant de l’ESPT auront probablement
aussi tendance à abuser de l'alcool
ou d’autres drogues. Les psychiatres voient
en cela une tentative d'automédication qui ne règle
cependant rien à long terme.
Les thérapies
comportementales et cognitives permettent d’alléger
les symptômes des personnes souffrant de l’ESPT.
On utilise souvent durant ces thérapies une approche
de désensibilisation où la personne est confrontée
aux souvenirs du traumatisme, mais dans le cadre sécurisant
du cabinet du psychothérapeute, ce qui peut l’aider
à se sentir moins effrayée et à éventuellement
mieux gérer ses peurs.
L'ESPT se résorbe aussi parfois avec le temps, même
sans traitement. La thérapie a pour objectif, si l’on
peut dire, d'accélérer ce processus d'oubli naturel.
ÉTAT
DE STRESS POST-TRAUMATIQUE (EPST)
Lorsqu'une personne vit un événement qui comporte
des pertes de vie, des risques de décès ou des
blessures physiques graves, elle peut développer ce qu’on
appelle un état de stress post-traumatique, ou ESPT.
Le sentiment de désespoir ou d'horreur qui est associée
à l’ESPT se traduit par des symptômes de trois
types :
- L’intrusion
La personne revit l’événement traumatisant.
Il ne s’agit pas seulement de vagues réminiscences,
mais d’incapacité à empêcher ces souvenirs
de revenir nous hanter. Certains parlent même de reviviscence
pour dire à quel point il s’agit davantage de véritables
flash-back envahissants que de simples souvenirs. Les cauchemars
sont une autre manifestation de ce type de symptôme.
- L'évitement
L’individu tente d’éviter les situations
et les facteurs déclencheurs qui pourraient lui rappeler
l’événement traumatisant. Il aura aussi tendance à éviter
d’en parler pour éviter d’y être confronté directement.
Un autre aspect de l’évitement est l’émoussement
des émotions qui peut aller jusqu’à une insensibilité émotive.
La personne perd intérêt dans des activités
qui autrefois la passionnaient, se replie sur elle-même
et fuit ses proches.
- L’hyperstimulation
Le patient souffrant d’ESPT a plusieurs symptômes
d’hypervigilance et a par conséquent de la difficulté
à se concentrer et à mener à terme ses activités.
Il peut avoir notamment de l’insomnie, de la nervosité,
une tendance à s'effrayer facilement, une impression constante
de danger ou de désastre imminent, une grande irritabilité ou
même un comportement violent.
On a longtemps
pensé qu’un ESPT ne pouvait se développer
que suite à des catastrophes comme être victime
d'un accident d'avion, être témoin d'un homicide
ou être coincé dans un bâtiment qui s'est
effondré après un tremblement de terre ou un
bombardement. Il est vrai que la guerre est la cause principale
de ce traumatisme et, en Amérique du Nord, la plus
grande catégorie de personnes souffrant d'ESPT sont
les vétérans de la guerre du Vietnam. L'essentiel
de ce que nous savons au sujet de ce syndrome provient d’ailleurs
d'études faites auprès d'anciens combattants.
Plus de 90 % des personnes
qui souffrent du TOC ont à la fois des obsessions
et des compulsions. Près de la moitié disent
aussi souffrir de plusieurs obsessions.
La thérapie
cognitivo-
comportementale constitue le traitement le plus efficace
pour la plupart des gens souffrant de TOC. Elle consiste à
exposer la personne à des situations qui provoquent
l’obsession chez elle et à lui donner progressivement
des moyens de prévenir l’anxiété
et les comportements compulsifs qui y sont associés.
Par exemple, une personne obsédée de propreté
doit toucher à des choses «contaminées»
jusqu'à ce que son anxiété disparaisse
puis, dans un deuxième temps, elle ne doit pas se laver
les mains après avoir manipulé l'objet «contaminé».
Les trois quart des personnes qui mènent à terme
ces traitements d’environ 12 à 20 séances
connaîtront une atténuation importante et durable
de leurs obsessions et de leurs compulsions.
Pour les cas les plus lourds, certains médicaments comme
les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
(ISRS) et les antidépresseurs tricycliques peuvent aider à préparer
le terrain
à une thérapie cognitivo-
comportementale.
TROUBLE OBSESSIONNEL-COMPULSIF (TOC)
Les personnes qui souffrent du trouble
obsessionnel-compulsif sont esclaves de pensées et de comportements répétitifs.
Ils reconnaissent le côté absurde ou insensé
de leurs préoccupations et de leurs rituels, mais
ne les abandonneront qu’au prix d’une perte de
temps et d’énergie énorme qui peut compliquer
sérieusement la capacité de la personne à
fonctionner au travail, à l’école et
même
à la maison.
On
distingue généralement les obsessions, qui
sont des pensées intrusives et importunes, des compulsions,
qui sont des actes répétitifs souvent stéréotypés.
Les deux entretiennent cependant une étroite relation,
les secondes
étant une tentative d’apaisement des premières.
Les obsessions sont donc des pensées
ou des images mentales récurrentes qui s'imposent
à la conscience de l’individu. Elles resurgissent
constamment de manière incontrôlable, sans
laisser l'esprit en repos, et sont pour cette raison une
cause de détresse importante.
Les compulsions sont des comportements
répétitifs que la personne souffrant du TOC
effectue pour repousser les obsessions et tenter de réduire
l'anxiété engendrée par celles-ci.
Les compulsions ont tendance à se figer en séquences
d'actes élémentaires que la personne doit
exécuter à tout prix sous peine de malaise
et d'angoisse. Elles ressemblent souvent à un rite
dont le déroulement et la répétition
sont minutieusement codifiés, allant même
jusqu’à
impliquer parfois l'entourage du patient.
Les idées obsessionnelles les plus fréquentes
et leur compulsion correspondante comprennent :
Obsession
Compulsion
la peur d’être contaminé par la saleté,
la poussière, les germes, les microbes;
le lavage des mains, du corps entier ou le nettoyage
excessif d'objets ;
la peur de perdre le contrôle et se blesser ou
faire mal à quelqu'un d'autre;
la lenteur et la perte de temps dans des rituels complexes
relatifs au contrôle et à l’organisation
le sentiment d’avoir oublié de faire quelque
chose d’important (fermé un robinet, barré une
porte, etc.)
les vérifications répétées
(jusqu’à des centaines de fois que le four
est bien fermé par exemple) ;
la crainte d’avoir des pensées répugnantes,
violentes, à caractère sexuel ou blasphématoires
;
la répétition de chiffres, de nom ou d’expression
(compter jusqu’à
10 en arrière puis en avant cent fois pour chasser
une pensée blasphématoire) ;
le souci de symétrie, d’ordonner et de conserver
des objets, même les plus inutiles ;
Faire le ménage et ranger les choses selon un
certain ordre; les conserver sans être capable de
jeter quoi que ce soit
Comme bien d’autres
troubles anxieux, les traitements qui s’offrent aux
personnes souffrant d’anxiété généralisée
comprennent les différentes formes de thérapies,
les médicaments ou une combinaison des deux. C’est
à chaque patient de voir avec son médecin ce
qui fonctionne le mieux pour lui.
Parmi les médicaments, les tranquillisants comme les benzodiazépines et
les antidépresseurs de la famille du Prozac sont
utilisés.
Du côté des thérapies, la réévaluation
cognitive, qui aide à corriger les schèmes de
pensées causant l'inquiétude, fonctionne bien.
L’apprentissage de nouvelles façons de résoudre
les problèmes quotidiens, la confrontation des inquiétudes
et leur maîtrise progressive, et diverses techniques
de relaxation peuvent aussi porter fruit.
Dans une étude canadienne récente, 77% des personnes
soumises à une psychothérapie à court
terme se portaient encore très bien un an après
le traitement.
TROUBLE DE L'ANXIÉTÉ
GÉNÉRALISÉE (TAG)
Le trouble d'anxiété généralisée se traduit
par des préoccupations excessives pendant de longues
périodes au sujet de différentes choses qui
ne sont pas nécessairement reliées entre elles.
En d’autres termes, la personne qui en souffre se préoccupe
d'événements qui ont de fortes probabilités
de ne jamais survenir.
Ainsi, un simple malaise physique ressenti par une personne
souffrant d’anxiété généralisée
peut l’amener à penser que ce mal de tête
pourrait être le premier symptôme d'une tumeur
au cerveau et que le médecin qu’elle a consulté ne
s’est pas aperçu de sa gravité.
Outre la maladie, les soucis gravitent
généralement
autour des préoccupation monétaires, de la perte
de travail, de l'organisation familiale, ou d'activités
banales comme la peur d'être en retard à un rendez-vous.
Cette dernière peur entraînera par exemple le raisonnement
suivant : " si mon je perds mon travail
à cause de ce retard, je ne sais pas comment je ferais pour
arriver financièrement, je serais pris à
la gorge, je ne pourrais peut-être pas garder mon auto
".