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Chercheur : Jean Piaget (1896-1980) Chercheur : Piaget’s Theory of Cognitive Development
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Les effets néfastes de la pauvreté sur le cerveau

Que faire quand survient un écart entre théorie et observation ?

Pourquoi pas la neurobio pour enfants?

Parce qu'on ne se souvient pas de notre naissance, ni de nos premières années de vie, on pourrait croire que l'être humain est amnésique durant celles-ci. Ce n'est ni vrai, ni faux. En fait, le nourrisson a bel et bien une mémoire puisqu'il retient si bien tout ce qu'il apprend durant ces années décisives (marcher, parler, etc.). En plus, on sait qu'un bébé de quelques mois montre plus d'intérêt pour une nouvelle image que pour une image qu'il a vu la veille, preuve qu'il l'a bien mémorisée quelque part.

Mais un bébé ne retient que des impressions éparpillées parce que les circuits de son cerveau ne sont pas tous complétés à sa naissance. Le développement des axones, en particulier, n’est pas complété et ne relie pas encore les différentes parties du cerveau entre elles de manière efficace. Et comme un souvenir cohérent nécessite à la fois la contribution de régions du cerveau fort diverses, la mémoire du bébé reste fragmentée.

 

LE DÉVELOPPEMENT COGNITIF SELON PIAGET
AU-DELÀ DU MODÈLE DE PIAGETLES PÉRIODES CRITIQUES

De sa naissance à sa mort, l’être humain ne cesse de se transformer à mesure qu’il traverse les différentes périodes de sa vie. On est d’abord nouveau-né (le premier mois de la vie), puis bébé (jusqu’à environ 2 ans), puis petit enfant (jusqu’à 5-7 ans), puis enfant (jusqu’à 11-12 ans), puis pré-adolescent (jusqu’à 13-14 ans), puis adolescent (jusqu’à 17-20 ans), puis adulte (jusqu’à 60-70 ans), puis vieux (ou personne du 3e âge…) jusqu’à notre mort.

Chacune de ces moments correspond intuitivement à des grandes étapes de la vie, mais certaines personnes ont voulu voir si ces frontières arbitraires correspondaient réellement à des stades concrets du développement de nos facultés intellectuelles.

Le psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980) fut l’un des premiers à poser cette question de façon systématique. On compare d’ailleurs souvent son rôle de pionnier dans la psychologie du développement à celle qu’a eu Darwin pour notre compréhension du développement des espèces, ce qui n’est pas peu dire.

Mais contrairement à Darwin qui navigua pendant cinq ans pour accumuler ses données, Piaget trouva d’abord les siennes à la maison en étudiant ses propres enfants ! Il fut ainsi le premier à montrer que les enfants ne sont pas moins «intelligents» que les adultes, mais qu’ils raisonnent tout simplement de manière différente.

Comment ces premiers modes de pensée évoluent-ils jusqu’à ceux de l’âge adulte, voilà la question qui a occupé Piaget une grande partie de sa vie. Et l’essentiel de la réponse qu’il a apportée, c’est que le développement de la pensée se fait par paliers, ou par « stades » pour employer les termes de Piaget. Et à chaque fois qu’un stade est atteint, cela engendre la reconstruction de tout l’édifice des connaissances apprises jusque-là.

Piaget a déduit de ses expériences l’existence de quatre principaux stades de développement. Chacun possède toutefois plusieurs subdivisions.


Ce ne sont pas seulement les données recueillies par Piaget qui l’ont rendu célèbre mais aussi sa « méthode clinique ». Cette approche où l’expérimentateur joue un peu le rôle du père lors d’échanges semi-structurés avec l’enfant, Piaget en fut le pionnier.

Toujours utilisée aujourd’hui sous diverses formes, elle met l’accent pas tant sur les réponses de l’enfant que sur le raisonnement qui les sous-tend. Quant aux réponses erronées, elles ont toujours été, pour Piaget, une source encore plus grande de compréhension du psychisme de l’enfant que les bonnes réponses.

Voici un exemple de dialogue typique de Piaget avec un enfant.

Piaget: Qu’est-ce qui fait le vent ?

Julia : Les arbres.

P : Comment le sais-tu ?

J : Je les ai vu bouger leurs branches.

P : Comment cela fait-il du vent ?

J : Comme ça (en bougeant ses mains devant son visage). Les branches sont seulement plus grosses. Et il y a beaucoup d’arbres.

P : Qu’est-ce qui fait le vent sur l’océan ?

J : Il souffle là en venant de la terre. Non. Ce sont les vagues…

Piaget en conclut que les croyances de cette petite fille de 5 ans sur le vent, bien que fausses, sont complètement cohérentes du point de vue de son jeune système de pensée.

 

Le développement des connaissances d’un individu ressemble à celui de la science en général : à partir d’un niveau de connaissance particulier ou «paradigme», il y a transition vers un autre niveau qui permet d’appréhender la réalité avec plus de précision.

C'est ainsi que de la naissance à l'âge adulte, une personne ne conçoit pas le monde de la même façon, tout comme les gens du Moyen Âge qui pensaient que la terre était plate ne concevaient pas le monde comme les scientifiques d’aujourd’hui.

    
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Dans certaines tâches de conservation, où l’on demande à l’enfant si deux rangées de billes sont "pareilles" (les billes de l'une des deux rangées étant plus espacées), il est clair qu’un enfant aussi jeune que 3 ans peut donner la bonne réponse. On pense que les âges plus élevés obtenus par Piaget lors de cette expérience pourraient provenir du fait qu’il posait la même question avant et après la transformation (c'est-à-dire l'espacement des billes de l'une des deux rangées). L'enfant aurait alors pu sentir qu’on s’attendait à une réponse différente la deuxième fois et aurait donc donné la réponse négative qu’il croyait qu’on attendait de lui…

AU-DELÀ DU MODÈLE DE PIAGET
LE DÉVELOPPEMENT COGNITIF SELON PIAGETLES PÉRIODES CRITIQUES

L’apport historique de Piaget en psychologie du développement est considérable. Son plus grand mérite a sans doute été d’introduire l’étude empirique du développement psychologique des enfants, pratique complètement nouvelle dans les années 1940.

La plupart des psychologues du développement contemporains ne prennent toutefois plus les théories de Piaget au pied de la lettre. Comme c’est souvent le cas en science, ses travaux de défricheurs ont été l’objet de nombreuses critiques qui soulignent ses limites.

Plusieurs de ces critiques concernent ses méthodes de travail. Piaget a en effet étudié ses propres enfants ainsi que ceux de ses collègues de Genève pour en déduire des concepts généraux sur le développement intellectuel de tous les enfants. Or il s’agit là d’un très petit échantillon, et qui plus est essentiellement d’enfants occidentaux appartenant à des familles de statut socio-économique élevé. C’est pourquoi plusieurs ont remis en question la représentativité et même la fiabilité de ses données, non seulement à cause du nombre restreint de ses sujets, mais également pour avoir négligé les différences individuelles.

D’autres ont critiqué Piaget pour avoir conçu des expériences qui tentaient davantage de piéger les enfants plutôt que d’essayer de voir jusqu’où pouvait aller leur raisonnement lorsqu’ils disposaient d’indices suffisants. Plusieurs recherches plus récentes ont d’ailleurs montré que les jeunes enfants avaient des capacités cognitives réelles plus étendues, du moins dans certaines conditions, que celle rapportées dans les travaux de Piaget (voir encadré).

Un questionnement au niveau de la compréhension des mots utilisés par Piaget pour poser les questions aux enfants a aussi été soulevé. Par exemple, est-ce que « la même chose » ou « plus » a exactement la même signification pour l’enfant que pour nous ?

Enfin, certains insistent sur le fait que Piaget a grandement sous-estimé la valeur de l’apprentissage social, celui qui provient des parents ou plus tard des professeurs.


    
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L’idée que nous puissions avoir des comportements innés déjà adaptés au monde dans lequel nous naissons peut surprendre si l’on oublie la longue évolution qui a mené jusqu’à nous. Mais toute personne qui a un tant soit peu observé des animaux naissants peut témoigner de l’évidence des nombreux comportements instinctifs.

Il s’agit de comportements «précâblés» dans le système nerveux bien avant toute expérience notable. Ces comportements et leur substrat nerveux ont probablement évolué pour améliorer les chances des nouveau-nés de survivre dans un monde rempli de difficultés et de dangers prédictibles.

Les comportements innés des oiseaux en sont un exemple particulièrement éloquent. On n’a qu’à penser à la séquence complexe de mouvements qui leur permet de sortir de l’œuf.

LES PÉRIODES CRITIQUES
LE DÉVELOPPEMENT COGNITIF SELON PIAGETAU-DELÀ DU MODÈLE DE PIAGET

Les circuits nerveux de notre cerveau sont à la fois déterminés par des instructions génétiques et à la fois par les expériences issues de notre environnement. L’influence de l’environnement sur notre cerveau varie cependant en importance selon notre âge. Notre environnement a par exemple beaucoup plus d’impact sur le système nerveux d’un nouveau né que sur celui d’un adulte.

Dans certaines périodes précoces de la vie, les voies neuronales sont en effet très sensibles aux influences de l’environnement. On parle de périodes critiques pour désigner l’intervalle de temps durant lequel un véritable remodelage des voies cérébrales est possible.

Le phénomène de l’empreinte chez les oiseaux est l’un des premiers exemples de période critique à avoir été étudié. Cette forme d’apprentissage a été décrite en premier par l’un des pères de l’éthologie, Konrad Lorenz.

Vers le milieu des années 1930, Lorenz observa que, juste après la naissance, les oisillons de l’oie cendrée s’attachent rapidement au premier gros objet qui bouge devant eux, la plupart du temps leur mère. Mais si celle-ci est absente, cet attachement peut se transférer à tout objet en mouvement de taille suffisante, comme ce fut le cas pour les bottes de caoutchouc de Lorenz ! Les oisillons suivent alors cet objet en mouvement comme s’il s’agissait de leur mère.

Lorenz utilisa le terme d’empreinte (« imprinting », en anglais) pour suggérer la permanence avec laquelle cette représentation s’imprime dans ces jeunes cerveaux. L’empreinte s’acquiert donc très rapidement et, une fois acquise, ne disparaît généralement plus. Elle ne peut se former que durant une période limitée dans le temps (pas plus que deux jours après l’éclosion des œufs dans ce cas-ci), d’où l’utilisation de l’expression « période critique » pour décrire cette phase déterminante de l’attachement social.

Chez l’humain, l’acquisition du langage semble être sujet à une période critique allant de la naissance à la puberté. En effet, les personnes n’ayant été exposées à aucune langue jusqu’à la puberté semblent incapables d’en apprendre une par la suite. L’apprentissage d’une deuxième langue se fait également beaucoup plus facilement avant l’âge adulte.

Si certaines périodes précoces de la vie sont critiques pour un développement harmonieux de nos compétences perceptuelles et sociales, les expériences plus tardives de notre vie conservent toujours une influence sur le cerveau à travers nos processus d’apprentissage.

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