Quoi de plus banal qu’une scène d’action au cinéma
où quelqu’un qui parle à
la télévision. Pourtant, on oublie trop souvent
que si l’on perçoit des images animées
dans ces deux médias qui
sont au cœur de notre
vie sociale, c’est que nous sommes alors constamment
victime d’une illusion
de mouvement.
Car l’image en mouvement que l’on
voit au cinéma n’est pas produite par le mouvement
continu de quelque chose. Au contraire, si l’on observe
une pellicule de film, on y voit une succession d'images fixes
séparées les unes des autres par une petite bande
noire. Chaque image est légèrement décalée
par rapport à la précédente puisqu’au
tournage la caméra a enregistré le mouvement
en une série d’images fixes successives. De nos
jours, les caméras prennent 24 de ces photos par seconde. La
télévision et les caméras vidéos
fonctionnent différemment, bien qu’il s’agisse également
d’une succession d’images fixes.
Pour nous donner l’impression d’un
mouvement fluide et non saccadé, le mécanisme d’entraînement
du projecteur doit présenter cette pellicule à
la lampe lumineuse de l’appareil d’une façon
particulière : non pas en continu, mais en immobilisant
durant une fraction de seconde chaque image devant l’objectif
du projecteur. Entre deux immobilisations, un obturateur
vient s’interposer entre la lampe et la pellicule pour
créer un noir qui empêche de voir le déplacement
d’une image à l’autre.
Autrement dit,
à chaque seconde, 24 images alterneraient avec 24 «
noirs » sur l’écran de cinéma. Alterneraient,
car en réalité, c’est deux fois plus d’images
et de noirs qui se succèdent, soit 48. C’est que l’obturateur
passe non seulement entre les images, mais aussi une fois sur l’image
elle-même. Pourquoi ? Simplement parce que c’est à
partir d’environ 50 images par seconde que notre œil
cesse de percevoir le scintillement de l’alternance de la
lumière et du noir et voit plutôt la projection comme
une lumière continue.
On a longtemps invoqué un phénomène appelé
« persistance rétinienne » pour expliquer l’arrêt
du scintillement des images fixes autour de 50 images par seconde.
On a même écrit pendant des décennies dans les
traités sur le cinéma que ce phénomène
était également à l’origine de l’illusion
du mouvement que l’on expérimente sur le grand écran.
Mais il semblerait que la
véritable explication des deux phénomènes soit
tout autre…
Le français Étienne-Jules
Marey fut le premier à utiliser des successions
rapides de photographies pour enregistrer les phases de la
locomotion animale et humaine. L’anglais
Eadweard James Muybridge obtient en 1877 vingt-quatre clichés
successifs d’un cheval à
la course qui sont montées sur un appareil qui permet
de les projeter à une vitesse suffisante pour créer
l'illusion du galop du cheval.
La première projection publique
de films eut lieu le 28 décembre
1895 à Paris avec le cinématographe
des frères Louis et Auguste Lumière.
On y présenta quelques courts films
muets tournés par les frères
Lumière eux-mêmes, dont L'Arrivée
d'un train en gare (voir l’image).
Arrivée d'un train
en gare de la Ciotat, de Louis Lumière (1895)
Jusqu'à la fin des années
1920, c’est l’époque du cinéma
muet. Aucune bande sonore n'accompagne l'image sauf
un musicien présent parfois dans la salle de projection
qui joue en direct. C’est à
partir du film The Jazz Singer, sorti aux États-Unis
en 1927, que le son fait son entrée
au cinéma.
L’apparition de la couleur au cinéma
est plus difficile à dater que celle du son. Les premiers
grands films couleurs populaires sont "The Wizard
of Oz" et "Gone With the Wind",
les deux présentés en 1939. Mais un film muet
en couleur intitulé
"Cupid Angling" avait déjà
été tourné en 1918 et différentes
expériences de coloration à la main avaient
été tentées avant 1908.
Enfin, le 27 janvier 1926 l'inventeur écossais John
Baird fait la première démonstration publique
de son procédé de réception d'images
sur tube cathodique, ancêtre de la télévision.