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Notre héritage évolutif |
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Lévolution
nest pas que la sélection naturelle
Il faut remonter en 1802 et à
la fameuse analogie de l’horloger de William Paley pour comprendre l’origine
du dessein intelligent. Pour employer les mots du théologien anglais,
si vous vous promenez sur une plage et que vous trouvez une montre par terre,
vous allez immédiatement faire l’inférence qu’elle n’est
pas le fruit d’un processus naturel mais bien de l’expertise et de
l’habileté d’un horloger. Cet argument a convaincu
la majorité des gens que la nature, dans sa complexité, devait bien
avoir été créée par un dieu quelconque. Jusqu’à
ce que Darwin publie De l’origine de espèces en 1859, un livre où
une telle quantité d’observation sont réunies en faveur de
la sélection naturelle comme moteur principal de l’évolution
qu’elle a convaincu la communauté scientifique. | | |
LES ATTAQUES DU CRÉATIONNISME CONTRE L'ÉVOLUTION |
| Le “dessein intelligent”
est la forme la plus récente et la plus sophistiquée du créationnisme.
| Les
tenants du dessein intelligent ne croient pas en une Terre jeune de 10000 ans
ni aux autres interprétations
littérales de la Bible. Ils n’en affirment pas moins que la science
devrait être ouverte à certaines explications surnaturelles pour
rendre compte du vivant et souhaiteraient voir leur option enseignée dans
les écoles. | Parmi les principaux
arguments avancés en faveur du dessein intelligent figure celui de la «
complexité irréductible ». Quelque chose est d’une complexité
irréductible lorsque l’on ne peut y retirer la moindre composante
sans qu’il n’y ait un arrêt immédiat du fonctionnement
de la chose en question.
L’exemple souvent cité
est celui de la trappe à souris. Le retrait de la moindre de ses composantes
la met hors service. De plus, la notion de complexité irréductible
devient la preuve que l’objet en question est le fruit d’un dessein
intelligent, en l’occurrence ici celui de l’ingénieur qui a
dessiné la trappe. | | |
À l’opposé, les êtres
vivants issus de l’évolution se sont constitués sans plan
pré-établis, à partir de la «soupe
moléculaire originelle», et par la seule interaction du hasard
et des différentes forces élémentaires de la physique.
Mais les défenseurs du dessein intelligent comme Michael Behe refusent
d’admettre ce bricolage de l’évolution. Ils affirment qu’un
être vivant, en particulier sa machinerie cellulaire, est trop complexe
pour avoir été fabriqué par la sélection naturelle.
Pour eux, il s’agit d’un cas de complexité irréductible
et, par conséquent, on doit admettre l’existence d’un «
designer intelligent » qui, quelque part, a conçu la machinerie du
vivant. Encore une fois, des données fondamentales de la biologie
semblent ici ignorées ou sciemment négligée. En particulier,
la grande redondance qui existe au niveau des gènes impliqués dans
des fonctions identiques ou similaires. Loin d’être du gaspillage,
cette redondance permet aux mutations de créer de la variabilité
génétique sans compromettre le fonctionnement général
de l’organisme. De plus, il existe de nombreux travaux montrant
comment des protéines ayant d’abord évolué pour une
fonction donnée peuvent subir des « exaptations » leur permettant
d’en remplir une autre. Ces seules observations remettent donc
totalement en question la présumée complexité irréductible
attribuée au vivant. Modifier ou enlever une pierre à l’édifice
du vivant, loin de le faire s’écrouler, génère plutôt
de la diversité porteuse de potentielles complexifications. Le
fait que plusieurs mécanismes moléculaires échappent à
notre compréhension et ne peuvent pas encore être expliqués
par un processus évolutif n’invalide en rien la théorie de
l’évolution. Il souligne peut-être les limites de nos connaissances
actuelles, mais ne constitue certainement pas une preuve de complexité
irréductible ni, par conséquent, d’un créateur omniscient.
L’œil humain, structure
complexe par excellence, est souvent cité par les adeptes du dessein intelligent
comme exemple d’un organe irréductiblement complexe. Or, les biologistes
connaissent aujourd’hui plusieurs exemples de formes intermédiaires
de l’œil, en plus d’avoir de nombreuses évidences que
cette structure particulière a évolué plusieurs fois indépendamment
durant l’histoire du vivant. Ainsi, l’œil de la pieuvre montre
beaucoup de similarité avec celui de l’être humain bien que
la pieuvre soit d’une lignée complètement différente.
À la boutade créationniste classique « à quoi bon la
moitié d’un œil ? », on peut donc répondre : «
parce que c’est mieux que pas d’œil du tout »… |
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