Le cerveau que l’on a aujourd’hui,
comme la ville que nous habitons, est le fruit d’une longue histoire.
Il possède son vieux quartier où se pratiquaient à l’époque
les activités nécessaires à la survie. Il possède
aussi d’autres quartiers plus récents qui se sont développés
autour de lui. Et finalement, la ville moderne que nous connaissons maintenant
et qui s’édifia souvent sur les fondations des quartiers plus anciens.
Le cerveau reptilien est
apparu chez les poissons il y a près de 500 millions d’années.
Il s’est ensuite développé chez les amphibiens et a atteint
son stade le plus avancé chez les reptiles, grosso modo il y a 250 millions
d’années.
Le système limbique est pour sa
part apparu chez les petits mammifères il y a environ150 millions d’années.
Enfin, le néo-cortex a commencé sa fulgurante expansion chez
les primates il y a à peine 2 ou 3 millions d’années avec
l’apparition du genre Homo.
UN CERVEAU OÙ LE NOUVEAU SE BÂTIT SUR L'ANCIEN
Quand on observe l’anatomie
d’un cerveau humain pour la première fois, on peut facilement
être dérouté. Que signifient en effet tous ces replis, toutes
ces structures se chevauchant les unes les autres ?
Comme tout organisme
ou organe biologique, la forme du cerveau s’éclaire et prend tout
son sens lorsqu’on le considère à la lumière de l’évolution
qui a mené jusqu’à lui.
Le modèle sans doute
le plus célèbre qui permet de considérer la structure du
cerveau en relation avec son histoire nous vient de Paul MacLean et de son fameux
« cerveau triunique ». Plusieurs éléments de
ce modèle, popularisé à partir des années 1960, ont
cependant dû être révisés au fil des décennies
à mesure que les données neuro-anatomiques s'accumulaient (voir
les deux premières capsules histoire à gauche).
En
gardant ces mises en garde à l'esprit, on peut rappeler que le modèle
original de MacLean affirmait que trois cerveaux distincts, apparus successivement
au cours de l’évolution, cohabitaient en nous :
un cerveau « reptilien »,
le plus ancien, qui assure les fonctions vitales de l’organisme en contrôlant,
la fréquence cardiaque, la respiration, la température corporelle,
l’équilibre, etc. Il comprend le tronc cérébral et
le
cervelet, essentiellement ce qui forme le cerveau d’un reptile. Il est
fiable mais a tendance à être plutôt rigide et compulsif…
un
cerveau « limbique
», apparu avec les premiers mammifères, capable de mémoriser
les comportements agréables ou désagréables, et par conséquent
responsable chez l’humain de ce que nous appelons les émotions. Il
comprend principalement l’hippocampe,
l’amygdale
et l’hypothalamus. C’est le siège de nos jugements de valeur,
souvent inconscients, qui exercent une grande influence sur notre comportement.
un
« néo-cortex », qui prend de l’importance
chez les primates et culmine chez l’humain avec nos deux gros hémisphères
cérébraux qui prennent une importance démesurée. C’est
grâce à eux que se développera le
langage, la pensée abstraite, l’imagination, la
conscience. Le néocortex est souple et a des capacités
d’apprentissage quasi infinies. C’est aussi grâce au néo-
cortex que peut se constituer la
culture.
Or on
sait maintenant que ces structures cérébrales ne fonctionnent pas
de manière indépendante et ont tissé de nombreuses connexions
par lesquelles ils peuvent s’influencer mutuellement. Les
voies nerveuses qui vont du système limbique au cortex sont par exemple
particulièrement développées.