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Les risques de souffrir
de diabète, d'obésité et de problèmes
cardiovasculaires sont plus élevés quand on
travaille de nuit. Une étude suédoise a par
exemple démontré que plus une personne prend
ses repas la nuit, plus son taux de cholestérol augmente,
même si cette personne mange exactement la même
chose que quelqu'un qui vit de jour !
Le cortisol, une hormone dont la
sécrétion connaît une pointe
juste avant le réveil, pourrait
être impliqué dans ce phénomène.
En effet, le cortisol augmente la température corporelle
et prépare le corps à recevoir le petit déjeuner.
Sa concentration ne serait pas encore optimale vers 3 ou 4
heures du matin pour le repas principal des employés
de nuit. Le corps ne serait tout simplement pas préparé
à recevoir et à traiter de la nourriture et celle-ci
ne serait pas bien métabolisée. |
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Notre horloge biologique,
affinée au
fil de l'évolution pour s'adapter à l’alternance
du jour et de la nuit, ne
favorise pas naturellement la vie active durant les périodes
d'obscurité. Par conséquent, les changements
importants dans les périodes de veille et de sommeil
que subissent les travailleurs de nuit entraînent
un désalignement du cycle activité / repos
et de l’oscillateur
circadien endogène.
Cet oscillateur règle la plupart
des rythmes de l'organisme, y compris la
structure du sommeil, les fonctions physiologiques, la production
d'hormones et la vigilance. Le fait de vivre pendant un certain
temps avec des phases circadiennes anormales peut perturber toutes
ces fonctions.
Pourquoi est-il si difficile pour les
travailleurs de nuit d’inverser
tout simplement leur horloge biologique interne pour l’ajuster à leur
horaire de travail nocturne ? Il semble que la difficulté vient
des indices environnementaux externes, et plus particulièrement
de la lumière du jour.
Il faut savoir que le degré d’intensité lumineuse
d’un bureau ou d’une usine est d’environ 300 à 400
lux. C’est très peu comparé à la lumière
du jour qui est environ 50 fois plus intense à l’aube
et peut être jusqu’à 500 fois plus intense à midi
! Il semble donc que l’exposition, même très
partielle, à la lumière du jour (par exemple en allant
ou en rentrant du travail) soit suffisante pour garder l’horloge
interne du travailleur de nuit synchronisée sur le cycle
jour / nuit de son environnement. Un peu comme si l’horloge
interne s’en remettait au signal le plus lumineux pour se
synchroniser.
Sachant cela, plusieurs expériences
ont été tentées pour « tromper »
notre horloge biologique en jouant sur l’exposition des travailleurs
de nuit à la lumière. L’idée générale
est d’augmenter l’intensité lumineuse au travail
et de limiter au maximum l’exposition des individus à
la lumière du jour. Et cela fonctionne assez bien :
de la même façon que nous récupérons
d’un décalage
horaire essentiellement en étant exposé à
la lumière du jour dans le nouveau fuseau horaire, ces travailleurs
voient leur horloge biologique se décaler. Si bien que leur
maximum de vigilance arrive dans leur lieu de travail (qui est très
éclairé) plutôt que durant la journée
où ils dorment à la maison (et où l’exposition
lumineuse est réduite).
Une de ces études
typiques portaient sur des infirmiers et des infirmières travaillant
à plein temps de nuit dans des hôpitaux du Québec.
Certains de ces travailleurs furent exposés de façon
intermittente à
de la lumière vive de spectre blanc lors des 6 premières
heures de leurs quarts de travail.
On leur demandait également de porter des lunettes
sombres lors de leur retour à domicile. Après
quoi ils devaient rester dans la noirceur pendant 8 heures,
tout comme les participants « contrôle »
qui eux continuaient de travailler dans leur environnement
habituel à faible intensité lumineuse. |
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Après avoir travaillé sur leurs
quarts réguliers de nuit pendant environ 3 semaines, une
adaptation complète à l’horaire de travail de
nuit fut observée pour les courbes circadiennes de température
corporelle, de mélatonine et de cortisol salivaire dans le
groupe en traitement.
Cet ajustement physiologique était aussi accompagné
d’un sommeil diurne significativement plus long dans le groupe
en traitement. Pour tous ces paramètres, l’adaptation
n’était que partielle dans le groupe contrôle.
Un horaire judicieux d’exposition à la lumière
et à l’obscurité permet donc d’améliorer
l’ajustement de l’horloge biologique au travail de
nuit tout en améliorant le sommeil diurne. Des résultats
qui devraient être pris en compte par les employeurs pour
réduire les conséquences du travail de nuit sur la
santé des travailleurs.
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