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Liens
AideLien : Intentional Attunement: Mirror Neurons and the Neural Underpinnings of Interpersonal RelationsLien : Embodied simulation: From neurons to phenomenal experienceLien : Mirroring, Mindreading, and Simulation
Lien : EmpathieLien : Pierre Rainville fait souffrir des sujets de recherche depuis sept ansLien : A Social-Neuroscience Perspective on EmpathyLien : How your brain handles love and pain
Lien : We can literally feel the pain of strangers, study findsLien : The empathic brain: how, when and why?Lien : The painful side of empathyLien : Empathy For Pain Activates Pain-sensitive Regions Of The Brain, Says UCL Study
Lien : Livre: Empathy in Mental IllnessLien : To what extent do we share the pain of others? Insight from the neural bases of pain empathyLien : Compassion Meditation Changes The Brain
Expérience
Expérience : Inner experience of pain: imagination of pain while viewing images showing painful events forms subjective pain representation in human brainExpérience : Shared representations in body perceptionExpérience : Empathy examined through the neural mechanisms involved in imagining how I feel versus how you feel painExpérience : A Perception-Action Model of Cognitive Empathy? A PET Investigation of Imagining Your Own Experience and Someone Else’s

 

Les neurones miroirs de l’aire prémotrice ne réagissent pas à n’importe quel mouvement de la bouche ou de la main, mais seulement à ceux qui sont impliqués dans une action orientée vers un but. Leur réponse dépend donc du but que l’on décèle dans le geste observé, de l’intention qu’on lui attribue.

Les neurones miroirs de notre système moteur serait donc en mesure de nous aider à décoder le sens des actions exécutées par autrui, et donc leurs états mentaux. Certains pensent d’ailleurs que ce mécanisme d’interprétation de la communication gestuelle est mis à profit pour la communication verbale, en particulier dans la perception de la parole.

Lien : No evidence for mirror neurons in humans?!


Les personnes qui vivent un deuil, une peine d’amour ou une forme de rejet social décrivent souvent leur douleur émotionnelle en des termes similaires employés pour des douleurs physiques. Le lien entre les deux serait plus que métaphorique pensent plusieurs spécialistes de la douleur.

Une étude d’imagerie où les sujets jouaient à un jeu vidéo les faisant se sentir rejetés a par exemple révélé une activité dans le cortex cingulaire antérieur, une région du cerveau importante dans la matrice de la douleur physique. Ces circuits de la douleur physique nous signalent les risques de blessure ou nous portent à prendre soin des régions corporelles blessées.

Par ailleurs, comme nous sommes une espèce très sociale où l’entraide est importante, s’isoler ou perdre nos relations interindividuelles les plus significatives, a de tout temps constitué une menace à notre survie. Que ce soit en nous rendant plus vulnérables aux prédateurs dans les temps anciens, ou en conduisant aujourd’hui à l’exclusion sociale et à l’itinérance dans les grandes villes modernes.

Il semble donc que notre système d’attachement social utilise notre système de douleur physique pour s’assurer que nous restons en relation avec les autres. Être arraché à un proche ou rejeté d’un groupe nous est donc douloureux. Par conséquent, nous avons tendance, lorsque c’est possible, à éviter ces situations.

Lien : Is pain all in the mind?Lien : Physical/Social Pain Overlap TheoryLien : Emotional pain hurts more than physical pain, researchers say
PARTAGER LA DOULEUR DES AUTRES

Notre capacité à ressentir ce que ressent autrui semble être initiée par des mécanismes largement involontaires et non intentionnels. Nos réponses empathiques apparaissent ainsi très tôt durant le développement de l’enfant qui semble littéralement « pré-câblé » pour entrer en relation avec sa mère.

Cette résonance affective n’est pas seulement importante pour le lien d’attachement mère enfant. Elle permettra de créer des liens affectifs avec d’autres individus, favorisant l’entraide et la reproduction, et donc la survie de l’espèce. Cette résonance mentale automatique avec les autres nous aide aussi à faire des prédictions rapides sur les actions et les besoins d’autrui. Elle améliore donc la communication, un atout adaptatif important dans une espèce sociale comme la nôtre.

Par conséquent, l’empathie humaine semble plonger ses racines au plus profond de l'histoire évolutive de nos ancêtres les primates non humains et offre, selon plusieurs, une base biologique à nos comportements moraux.

Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer comment l’empathie humaine aurait pu se développer. Parmi les plus significatifs figurent ceux sur les neurones miroirs.

Les premiers neurones miroirs ont été identifiés dans le cortex prémoteur au début des années 1990. Des neurones de cette région s’activent quand on fait un geste particulier, comme saisir une tasse pour boire. Mais certains de ceux-ci s’activent également quand nous sommes complètement immobiles, mais que nous voyons quelqu’un d’autre faire exactement ce même geste. Que des neurones d’une région motrice puissent être activés ainsi, de manière très spécifique par un stimulus visuel, fut une découverte qui suscita beaucoup d’intérêt dans la communauté scientifique.

Ces neurones, que l’on a maintenant localisés dans différentes régions cérébrales, nous permettent de simuler dans notre cerveau ce qui se passe dans celui des autres. D’où l’idée qu’ils pourraient ainsi nous aider à comprendre par exemple pourquoi nous pouvons être émus aux larmes par un simple personnage de cinéma ou de théâtre: l’émotion exprimée par le comédien activerait nos propres régions cérébrales correspondant à cette émotion. Ces “réseaux de neurones partagés” ont été étudiés dans le système sensorimoteur, mais également dans les circuits de nos réactions émotionnelles.

Il devenait alors nécessaire de définir plus largement les neurones miroirs en tant que classe de neurones qui s’activent non seulement quand un individu expérimente lui-même un événement cognitif endogène mais également lorsqu’il observe un signe qu’un autre individu expérimente (ou est sur le point d’expérimenter) le même type d’événement cognitif.


L’image du doigt d’une autre personne en situation douloureuse active le cortex cingulaire antérieur (la plus grande région jaune) dans le cerveau de l’observateur.

Source : Jean Decety, University of Washington, Seattle.

 

Dans le cas de la douleur par exemple, un signe possible pourrait être une manifestation comportementale de la souffrance, ou encore une simple expression faciale exprimant la douleur. Un autre signe ou stimulus capable d’initier une décharge des neurones miroirs associés à la douleur est la simple vue d’un couteau exerçant une pression sur la peau de quelqu’un (que l’on ne connaît pas nécessairement).

Plusieurs études d’imagerie cérébrale ont localisé dans notre cerveau un réseau d'aires cérébrales qui est actif lorsque nous expérimentons une douleur physique. Ces études montrent cependant que ce ne sont pas toutes les régions de ce circuit qui s’activent lors de la réponse empathique à la douleur d’autrui, mais principalement les zones associées à la composante affective désagréable de la douleur, soit le cortex cingulaire antérieur et l’insula antérieure. Les aires somatosensorielles primaires et secondaires, de même que des régions comme l’insula postérieure, qui sont très actives lorsque l’on ressent nous-mêmes une douleur, réagissent moins avec l’observation de la douleur d’un autre.

Ces études révèlent donc un recoupement partiel de l’activité neuronale entre une expérience douloureuse réellement vécue par une personne et l’observation d’une telle expérience chez une autre personne. La nature partielle de cette activation a suggéré des explications possibles sur la façon dont on s’y prend pour distinguer les deux cas de figure et ne pas confondre la détresse d’autrui avec la nôtre.

Philip L. Jackson et d’autres ont par ailleurs montré que l’empathie pour la douleur des autres ne génère pas les mêmes patrons d’activation dans notre cerveau que lorsqu’on s’imagine avoir mal nous-mêmes (donc sans être soumis à un véritable stimulus douloureux). Durant une telle douleur imaginée, la matrice de la douleur est plus largement activée, incluant notamment le cortex somatosensoriel secondaire et la partie dorsale du cortex cingulaire antérieur.

D’autres expériences seront cependant nécessaires pour déterminer le degré d’isomorphisme de la réponse empathique, certaines études utilisant la stimulation magnétique transcrânienne ayant montré une certaine capacité à cartographier sur son propre cortex somatosensoriel la partie du corps endolorie d’autrui.

Quoi qu’il en soit, le rôle d’une structure cérébrale comme cortex cingulaire antérieur dans la réponse empathique à une émotion observée chez autrui a été confirmé dans d’autres domaines que la douleur. Cette structure s’active par exemple autant durant l’observation d’expressions faciales de dégoût que lorsque la personne respire elle-même des odeurs déplaisantes.

 

L’empathie et la capacité à percevoir les émotions des autres peuvent parfois défaillir chez certains individus. C’est le cas par exemple des psychopathes qui n’ont souvent que des états affectifs très superficiels, comme le manque ou l’absence de remords pour un crime commis. Cette difficulté à expérimenter leurs propres émotions leur rend difficile la reconnaissance de la détresse des autres. Ce qui est confirmé par le peu de réponses de leur système nerveux végétatif à la peur, la tristesse ou le dégoût observé chez une autre personne.

Les personnes souffrant d’autisme démontrent aussi fréquemment une capacité réduite à éprouver de l’empathie pour les autres. Dans une étude, Iacoboni a par exemple demandé à des enfants autistes et normaux d’observer et d’imiter des expressions faciales traduisant des émotions pendant que leur activité cérébrale était enregistrée par un appareil d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Bien que les deux groupes aient réussi la tâche, les enfants autistes ont montré une activité réduite dans leurs circuits de neurones miroirs, particulièrement ceux dans la région frontale inférieure. De plus, le degré de réduction de l’activité de ces neurones miroirs correspondait à la sévérité de leurs symptômes.

L’étude concluait donc que l’intégrité de nos systèmes de neurones miroirs semblait essentielle à un développement social normal.

Un sujet à venir : l’autisme

 

Lien : Scientists Say Everyone Can Read MindsLien : Des circuits neurologiques prédisposent à l'empathieExpérience : Understanding emotions in others: mirror neuron dysfunction in children with autism spectrum disordersLien : The empathic brain and its dysfunction in psychiatric populations: implications for intervention across different clinical conditions
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