Le financement de ce site est assuré par vos dons, merci!
 
Que d'émotions!
aide

Peur, anxiété et angoisse

Désir, amour, attachement


Liens
AideLien : Where Does Sex Live in the Brain?Lien : New Electroencephalogram (EEG) Neuroimaging Methods of Analyzing Brain Activity Applicable to the Study of Human Sexual ResponseLien : Toward an understanding of the cerebral substrates of woman's orgasm
Lien : Dynamics of male sexual arousal: Distinct components of brain activation revealed by fMRILien : Brain Rules #11 : GenderLien : I had an orgasm in an MRI scannerLien : Female orgasm captured in series of brain scans
Lien : Sex on the brain: Orgasms unlock altered consciousnessLien : Pain brain regions also active during female orgasmLien : Neurological control of human sexual behaviour:  insights from lesion studiesLien : Comportement sexuel : les bases neurobiologiques
Chercheur
Chercheur : Barry Komisaruk
Expérience
Expérience : Les pulsions, ça se contrôle!Expérience : Brain activation and sexual arousal in healthy, heterosexual males

SEXE : ou comment capter (trop) facilement l’attention à l’heure d’Internet

Plusieurs études d’imagerie cérébrale ont montré à quel point la vue d’un joli visage féminin provoque, chez l’homme hétérosexuel, l’activation de ce que l’on appelle le circuit de la récompense.

Ainsi, des zones cérébrales impliquées dans l’identification de récompenses potentielles comme le noyau accumbens et le cortex orbitofrontal augementent d’autant plus leur activité que le jugement porté sur la beauté du visage est élevé.

Une expérience similaire a été menée avec des hommes qui regardaient cette fois des corps de femme nus avant et après une chirurgie esthétique redistribuant les graisses pour obtenir un ratio taille / hanche optimal de 0,7. Le passage vers le ratio optimal de 0,7 stimule le cortex cingulaire antérieur, une région associée elle aussi au circuit de la récompense et de la prise de décision. Tout comme d’ailleurs le noyau accumbens et le cortex orbitofrontal, eux aussi activés lors de cette expérience.

Chez l’homme, l’appréciation de traits physiques associés à une fertilité potentielle élevée chez la femme est donc non seulement attractif, mais semble aussi utiliser, comme la nourriture ou la cocaïne par exemple, les voies de la dépendance.

Lien : Reward centers in men activated by optimal hip-to-waist ratio in womenLien : Un rapport taille/hanche idéal chez la femme, stimule le cerveau de l’hommeLien : More Than a Pretty FaceLien : Are Attractive People Rewarding? Sex Differences in the Neural Substrates of Facial Attractiveness

Le volume du cortex préfrontal humain est environ quatre fois plus important que celui de nos cousins les chimpanzés. Or les études d’imagerie ont montré que cette structure relativement récente d’un  point de vue évolutif était particulièrement active lorsque l’on demandait à des hommes de modérer l’excitation sexuelle qu’ils ressentaient à la vue de scènes sexuelles explicites. 

La capacité de contrôler et de réprimer son excitation sexuelle, relèverait donc d’une région cérébrale propre aux primates et particulièrement développée chez les humains.

Chez les hommes souffrant du trouble du désir sexuel hypoactif, qui n’expérimentent que très rarement désirs ou fantasmes sexuels, on observe une activation du cortex orbitofrontal médian par rapport aux hommes normaux. Cette région du cortex préfrontal étant connue pour le contrôle qu’elle exerce sur nos émotions, son hyperactivation semble couper court à toute manifestation émotive du désir sexuel chez les sujets hypoactifs.

Lien : Les pulsions sexuelles en observation

DES RÉSEAUX CÉRÉBRAUX POUR DIFFÉRENTS MOMENTS AMOUREUX

Depuis Freud, le désir sexuel a souvent été associé à la part la plus animale et primaire des comportements humains. On pourrait croire alors qu’une ou quelques régions cérébrales suffisent à le faire naître. Il n’en est rien.

Les études d’imagerie cérébrales montrent en effet que lors de l’excitation sexuelle, un grand nombre de structures cérébrales sont actives. Et parmi celles-ci, plusieurs sont associées à certains de nos mécanismes de pensée les plus sophistiqués.

On observe d’abord bien entendu de l’activation dans les différents cortex sensoriels, selon la modalité des stimuli sexuels utilisés. Puis, à un niveau d’abstraction un peu plus élevé, le recrutement de zones associées aux émotions, en particulier dans le lobe temporal. L’amygdale et l’hippocampe peuvent ainsi réveiller le souvenir de certaines expériences sexuelles évoquées par le stimulus présenté.

L’activation de l’insula révèle quant à elle une réflexion sur l’état de nos sensations corporelles (des « papillons dans l’estomac », par exemple), et donc un processus cognitif encore d’ordre supérieur. Enfin, des régions cérébrales impliquées dans des processus complexes comme la compréhension des pensées et des intentions d’autrui sont aussi sollicitées par le désir sexuel.

Qu’en est-il maintenant de la séquence d’activation de ces régions suite à la présentation du stimulus sexuel ? Des études utilisant la technique de l’électroencéphalographie (ou EEG), qui a une très grande résolution temporelle, ont montré qu’il ne faut pas plus de 0,4 seconde à un sujet pour décider si une personne en maillot de bain lui semble désirable et pour appuyer alors sur un bouton. Durant ce 0,4 seconde en moyenne, plusieurs régions du cerveau peuvent devenir actives, silencieuses, et même actives à nouveau. Cette séquence d’activation ne semble toutefois pas contrainte par une logique « du plus simple au plus complexe » (ou « bottom up », comme on dit en anglais). Autrement dit, il n’y a pas une activation des zones sensorielles, suivie des zones émotionnelles, suivie des « centres supérieurs », comme on s’y attendait.

On observe au contraire que ces régions associatives supérieures peuvent entrer en jeu relativement tôt dans la séquence, révélant par le fait même une influence « du haut vers le bas » (ou « top down », en anglais). Ces régions supérieures pourraient par exemple induire une plus grande sensibilité du cortex visuel pour certaines propriétés du stimulus identifiées comme sexuellement désirables par ces régions.

D’autres études se sont attardées sur ce qui se passe dans le cerveau durant l’étape ultime du désir sexuel, l’orgasme. Il s’est dit beaucoup de choses depuis les recherches initiales de Kinsey, puis de Master et Johnson, sur les différences entre orgasmes féminin et masculin. On reconnaît par exemple que l’orgasme masculin est plus soudain et explosif de nature que l’orgasme féminin, moins violent mais plus soutenu. Mais il semble qu’au niveau subjectif, l’orgasme féminin et masculin ne soient pas si différents, leur description psychologique écrite sans références aux organes génitaux étant pratiquement indiscernable, même pour des spécialistes.

Les expériences en imagerie cérébrale ainsi qu’avec l’EEG suggèrent que les orgasmes masculins et féminins sollicitent un réseau complexe similaire de régions cérébrales. De légères différences ont toutefois été observées entre les hommes et les femmes durant l’orgasme. Chez la femme, l’orgasme s’accompagne par exemple d’une activation spécifique de certaines régions comme le nucleus accumbens, le cortex cingulaire antérieur, l’hypothalamus ou l’hippocampe.

 

Chez l’homme, les zones spécifiquement activées sont plutôt l’aire tegmentale ventrale, le thalamus et le cortex visuel. De plus, chez ce dernier, certaines expériences ont permis de reconstituer la séquence d’activations cérébrales accompagnant l’érection puis l’éjaculation. En premier lieu, c’est l’activité de l’hypothalamus et du cortex somesthésique secondaire qui augmente. Le premier commanderait l’afflux sanguin au pénis, alors que le second est connu pour établir une communication entre le cortex somesthésique primaire (qui perçoit les stimulations tactiles) et le cerveau limbique (qui participe aux émotions).

Puis, durant la phase de l’érection soutenue, le cortex cingulaire antérieur prend le relais, suivi du complexe amygdalien et de l’insula. Le cortex cingulaire antérieur participe à la motivation, l’insula est associée à des réactions viscérales d’origine visuelle et le complexe amygdalien est un moteur émotionnel au sens large.

Durant l’éjaculation, différentes études ont trouvé de nombreuses régions cérébrales qui modifient leur activité, notamment une baisse d’activité dans la partie médiane de l’amygdale ainsi que dans l’ensemble du cortex, excepté dans le cortex préfrontal droit où elle augmente. Une activation a aussi été observée dans l’aire tegmentale ventrale, le putamen, l’insula, le précunéus, le cervelet, les cortex temporaux, frontaux et visuels.

 

Les premières études d’imagerie cérébrale sur l’orgasme féminin datent du milieu des années 2000 et rapportent elles aussi une activation séquentielle menant vers l’orgasme, avec des similitudes mais également des différences par rapport à l’orgasme masculin. S’activent donc en premier des régions comme l’insula, les ganglions de la base (surtout le putamen) et la partie médiane de l’amygdale. Puis c’est au tour du cortex cingulaire d’augmenter son activité, région aussi connue pour son rôle dans le contrôle de la douleur. Et finalement, durant l’orgasme, le nucleus accumbens, le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus et l’hippocampe deviennent plus actifs.

 

 


Différentes coupes sagittales (de profil) de l’activation cérébrale durant l’orgasme d’une femme. De nombreuses régions sont impliquées, particulièrement le cortex préfrontal (A) et le cortex cingulaire antérieur (B). Les couleurs plus chaudes signifient davantage d’activation. (Source : Dr. Barry R. Komisaruk, Rutgers University)

Le cortex préfrontal a aussi montré une activation dans certaines études sur l’orgasme féminin, mais pas dans d’autres. On pense que cette disparité pourrait s’expliquer par les différentes manières dont l’orgasme était produit dans ces études, par masturbation ou par stimulation de la part d’un partenaire. Dans cette dernière situation, on croit que la femme pourrait s’abandonner plus facilement et avoir moins besoin d’exercer un contrôle sur la situation, ce qui expliquerait l’implication moindre de son cortex préfrontal.

Une trentaine de régions en tout ont été identifiées comme modifiant leur activité durant l’orgasme féminin, incluant de vastes régions comme les cortex temporaux, pariétaux et le cervelet. On note également une présence importante de structures du système limbique dont le rôle dans les émotions est reconnu et corrobore l’état émotionnel intense ressenti par les femmes durant l’orgasme. Pris dans leur ensemble, l’implicaiton de ces régions suggère aussi une compatibilité avec le plaisir, la relaxation et l’absence d’anxiété durant l’orgasme féminin. Mais aussi la présence de processus cognitifs évoqués par l’activation de structures comme l’hippocampe.

Et comme si cette complexité des structures cérébrales nécessaires à un comportement apparemment aussi simple que le désir sexuel n’était pas déjà assez grande, il ne faut pas oublier les différences interindividuelles qui s’ajoutent à cela et apportent sans doute aussi une variabilité dans l’activation des différentes zones.

  Présentations | Crédits | Contact | Copyleft