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L'évitement de la douleur


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Chercheur
Chercheur : Pierre Rainville , NeuropsychologueChercheur : Pierre Rainville fait souffrir des sujets de recherche depuis sept ans
Expérience
Expérience : Memory Traces of Pain in Human CortexExpérience : Cortical Representation of the Sensory Dimension of PainExpérience : Visceral and cutaneous pain representation in parasylvian cortexExpérience : Cortical representation of pain: functional characterization of nociceptive areas near the lateral sulcus
Expérience : Somatotopic organization of human somatosensory cortices for pain: a single trial fMRI studyExpérience : Single trial fMRI reveals significant contralateral bias in responses to laser pain within thalamus and somatosensory cortices


Aussi curieux que cela puisse paraître, notre cerveau lui-même n’est pas sensible à la douleur. Il n’y a en effet aucun nocicepteur dans le tissu cérébral. D’ailleurs, la plupart des chirurgies cérébrales sont effectuées à l’aide d’anesthésiques locaux uniquement. Ceux-ci visent les tissus avoisinants du cerveau comme les méninges qui eux sont sensibles à la douleur.

Outil : L'anasthésie et l'analgésie

 

Il existe une organisation somatotopique des neurones et des axones nociceptifs qui se conserve tout au long de leur trajet. En effet, du faisceau spinothalamique de la moelle épinière, en passant par le thalamus et jusqu’au cortex somatosensoriel, ce qui est contigu sur le corps demeure généralement contigu jusque dans le cerveau. C’est ce principe qui nous permet de localiser la douleur, par exemple de la ressentir précisément sur l’orteil qu’on vient de se cogner.

On retrouve aussi une somatotopie dans le cortex moteur primaire. De plus, la somatotopie n’est pas figée à tout jamais. Elle peut être modifiée par l’entraînement. Chez un violoniste qui améliore la dextérité de ses doigts depuis des années par exemple, la zone représentant chaque doigt est plus étendue et mieux délimitée que dans le cortex de la moyenne des gens.


 

LA NEUROMATRICE DE LA DOULEUR

Quand on se cogne un orteil sur une roche, on ressent une douleur à cet endroit précis de notre corps. Cette douleur est souvent si vive et bien localisée qu’on a presque l’impression que c’est l’orteil qui a mal. Bien sûr il n’en est rien. Les fibres nociceptives de l’orteil transmettent d’abord leurs influx nerveux à la moelle épinière qui les transmet à son tour au cerveau. Et c’est l’activité nerveuse de certaines régions du cerveau qui va alors nous faire ressentir de la douleur à cet endroit précis. Puis nous faire crier de gros mots, frotter notre orteil, l’éloigner de la source du danger, etc.

Quelles sont ces régions et comment collaborent-elles pour nous faire ressentir les nombreuses propriétés de la douleur (localisation, intensité, type de douleur, charge affective négative, etc.) ? Voilà des questions complexes qui ont été grandement débattues au cours des dernières décennies et qui le sont d’ailleurs encore aujourd’hui.

Formation réticulée (en rouge), noyau VPL du thalamus (en vert)
et cortex somatosensoriel (en bleu).

Une chose semble toutefois certaine : il n’y a pas de « centre de la douleur » unique dont la seule activité pourrait rendre compte de toutes les facettes de la douleur. En d’autres termes, aucune lobotomie d’une région particulière du cerveau ne fait disparaître complètement la douleur.

Cela dit, les expériences menées grâce à des techniques comme l’imagerie cérébrale montrent clairement que de nombreuses régions précises du cerveau modifient leur activité quand on ressent la douleur. Ces régions sont reliées entre elles et forment un réseau que certains appellent la « matrice de la douleur ». Et selon ce que l’on connaît déjà de ces régions, on les associe souvent à différents aspects de la douleur.

C’est le cas de la formation réticulée du tronc cérébral, l’une des premières structures cérébrales à recevoir des connexions des voies ascendantes de la douleur en provenance de la moelle épinière. L’activation de la formation réticulée contribue aux réactions d’éveil et de vigilance associées à la douleur. Ses neurones peuvent agir sur le rythme cardiaque, la pression artérielle, la respiration et d'autres fonctions vitales que la douleur peut affecter. C’est aussi la formation réticulée qui fait qu’une douleur peut passer inaperçue si notre attention est focalisée sur une tâche captivante.

Les voies ascendantes de la douleur vont ensuite faire escale dans le grand relais sensoriel qu’est le thalamus. Elles y feront des connexions dans différentes sous-régions du thalamus, notamment dans le noyau ventral postérolatéral (ou VPL) situé dans la partie ventrale, postérieure et latérale du thalamus.

Le noyau VPL joue un rôle majeur dans la discrimination sensorielle de la douleur. En effet, ses neurones projettent ensuite leur axone au cortex somatosensoriel reconnu pour sa capacité à localiser la douleur et à en évaluer l’intensité. C’est aussi dans ce noyau VPL que passent les messages du toucher avant de se projeter sur le même cortex somatosensoriel. Les informations relatives au toucher et à la douleur sont tout de même séparées dans des sous-régions distinctes du noyau VPL.

La partie médiane du thalamus reçoit pour sa part des connexions de la formation réticulée et démontre une organisation somatotopique (voir encadré) plus ténue qui l’éloigne de la fonction discriminative. Avec ses neurones qui font des connexions dans le lobe frontal sur les aires corticales motrices, cette région médiane du thalamus participe à l'élaboration des réactions motrices et émotionnelles liées à la douleur.

Les noyaux intralaminaires du thalamus, situés tout près de la région médiane, font aussi partie de cette zone dite « non spécifique » du thalamus qui participe à la réponse d’éveil à la douleur. En plus du lobe frontal, les noyaux intralaminaires vont rejoindre différentes régions du système limbique. Et comme le cortex frontal envoie lui-même de nombreuses projections vers le système limbique, on a ici affaire à coup sûr à un système impliqué dans la composante émotionnelle désagréable de la douleur et à la réponse comportementale destinée à l’amoindrir.

L’abondance de ces connexions réciproques que l’on retrouve dans le cortex cérébral y rend le message nociceptif beaucoup plus difficile à suivre. Les études d’imagerie cérébrale nous permettent néanmoins d’établir une implication des cortex somatosensoriels primaires, secondaires, cingulaires antérieurs et insulaires dans la perception de la douleur.

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