Capsule outil : Cognition et Émotion
: deux concepts distincts pour deux réalités distinctes Pour
plusieurs chercheurs, il est préférable de concevoir les émotions
et la cognition comme deux fonctions mentales séparées mais en constante
interaction. Plusieurs faits appuient cette distinction conceptuelle. Tout
d'abord, on sait que des lésions de certaines parties du cerveau peuvent
empêcher l'appréciation émotive d'un stimulus sans que la
capacité cognitive de percevoir l'objet soit affectée. On
sait aussi qu'il est possible pour notre cerveau de reconnaître qu'un stimulus
est bon ou mauvais avant même que le système de perception ait fini
de l'analyser. Les mécanismes cérébraux à travers
lesquels la mémoire émotionnelle associée à un stimulus
est encodée, stockée et retrouvée diffèrent de ceux
qui traitent la mémoire cognitive du même stimulus. Les systèmes
qui évaluent la teneur émotionnelle d'un stimulus sont liés
d'une manière très directe à la réponse émotionnelle,
alors que les systèmes cognitifs sont beaucoup plus flexibles quant à
la réponse qui sort du système. Par conséquent, la
plupart de nos émotions impliquent automatiquement des modifications physiologiques
dans notre corps desquelles découlent l'expérience consciente d'un
sentiment. Les émotions semblent donc avoir davantage besoin du reste du
corps pour leur expression immédiate. Le fait qu'une émotion
soit si difficile à verbaliser appuie aussi l'idée que les émotions
ne sont pas que des pensées particulières au sujet d'une situation
mais bien un ensemble de processus anciens ayant évolué pour répondre
à des besoins précis de l'organisme, différents de ceux à
l'origine de la cognition. Prenons par exemple la peur. Comme la plupart
des émotions, elle origine d'une réponse adaptative à une
situation donnée. Dans ce cas-ci, c'est la présence d'un danger.
Le système cérébral qui détecte ce danger génère
l'émotion de départ de manière inconsciente. Le sentiment
conscient d'éprouver une émotion n'est que la pointe de l'iceberg
de tout ce qui s'est déjà passé à ce moment dans notre
système nerveux.
D'ailleurs, le sentiment conscient d'être effrayé et le
sentiment conscient de percevoir la couleur rouge dépendent d'un
seul et unique processus menant à la représentation consciente.
Ce sont plutôt les différents systèmes qui amènent
l'input à la conscience qui vont les distinguer. En d'autres termes,
il semble n'y avoir qu'un seul mécanisme de la conscience qui peut
être occupé tantôt par un fait quelconque ou tantôt
par une émotion intense.
On peut donc dire que les émotions et les pensées
impliquent tous les deux des processus sous-symboliques inconscients qui peuvent
tous deux accéder à la conscience. Les systèmes sous-symboliques
qui génèrent les émotions et les pensées ne sont cependant
pas les mêmes. En l'occurrence, les systèmes derrière les
sentiments impliquent beaucoup plus de régions cérébrales
en plus des systèmes nerveux périphériques et du système
hormonal. Par conséquent, les émotions qui sous-tendent nos
sentiments conscients créent une multitude de phénomènes
tous orientés vers un même but : se mobiliser pour faire face à
quelque chose d'important, souvent relié à notre survie. Les pensées,
à moins qu'elles ne déclenchent quelque chose dans notre système
émotionnel, ne produisent généralement pas un tel remue-ménage
interne
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