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Oubli et amnésie

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AideLien :  Scientists incite illusory memories and explore their implicationsLien :  "Memory's Future,"Lien :  MAGAZINE: La mémoire et l'oubli N°344 - JUILLET-AOÛT 2001

Pourquoi l’oubli peut vous sauver la vie

Parce qu'un souvenir peut être délibérément rappelé ou évoqué consciemment, le concept psychologique de la remémoration a fini par être considéré comme une fonction particulière du cerveau. Cependant, on peut voir les choses autrement : tous nos comportements peuvent être vu comme impliquant une remémoration. La remémoration volontaire d'un souvenir abstrait ne serait alors qu'un cas particulier de ce processus très général, un phénomène lié à ce que l'on appelle la conscience.

EXERCER SA MÉMOIRE CONTRE L'OUBLI
TYPES D'AMNÉSIESAMNÉSIE ANTÉROGRADE ET RÉTROGRADE

Plus nous pensons au sens d'une information à mémoriser et à ses relations à d'autres concepts connus, moins cette information a de chance d'être oubliée.

C'est peut-être pour cette raison que l'oubli est davantage de nature épisodique que sémantique : le sens d'un nouveau mot se relierait plus facilement à notre réseau de connaissances déjà constitué qu'un événement quelconque de notre vie.

D'une manière plus générale, un fait quelconque est d'autant plus vite oublié qu'il s'intègre moins à l'ensemble de la personnalité et aux activités du sujet. On oublie vite tout ce qui n'est pas soutenu par une motivation et ne débouche pas sur l'action.

L'oubli a fait l'objet de différentes théories qui ont trait au processus de mémorisation ou au processus du traitement de l'information :

La théorie du déclin :

La mémoire se dégrade et se fragmente au cours du temps comme tous les processus biologiques.

L'oubli serait dû au manque d'exercice et à l'absence ou à la rareté des rappels.

Cela se confirme dans la manière dont, statistiquement, on oublie les mots du langage. Les noms propres, moins souvent répétés, disparaissent d'abord, puis les substantifs, puis les adjectifs (plus fréquents, car ils peuvent caractériser plusieurs substantifs), puis les verbes, enfin les exclamations et les interjections.

 

La théorie de l'entrave

L'oubli est une perturbation de la récupération et non du stockage de l'information.

L'inaccessibilité momentanée d'une information surviendrait en raison d'un encodage insuffisant, d'un manque de relation avec les acquis sémantiques ou d'indices de récupération inappropriés.

Mais l'information stockée existe toujours quelque part dans la mémoire puisqu'à un autre moment, on peut tout à coup y avoir accès.

   

La théorie de l'oublie motivé

Il y aurait des mécanismes inconscients qui nous font oublier des faits déplaisants ou angoissants.

Les psychanalystes montrent en effet que l'oubli est souvent associé à des événements ayant une connotation désagréable ou porteurs de stress.

Freud postule un processus sélectif par lequel le sujet rejette ou maintient dans l'inconscient certains souvenirs liés à des traumatismes passés dont l'évocation serait insupportable pour lui. La psychanalyse s'appuie sur l'idée que ces souvenirs refoulés n'ont pas été oubliés et qu'on peut les faire revenir à la conscience du sujet.

Lien :  RECOVERED MEMORIES OF SEXUAL ABUSE
 

La théorie de l'interférence

Il y aurait oubli d'une donnée parce qu'une autre empêche sa récupération.

Dans l'interférence rétroactive, les nouveautés tendent à effacer les souvenirs plus anciens. Et inversement dans l'interférence proactive se sont les souvenirs plus anciens qui empêchent une bonne mémorisation des faits nouveaux.

Les interférences rétroactives et proactives permettraient une mise à jours des connaissances du monde : les informations nouvelles prennent le pas sur certaines informations anciennes (rétroaction) sans pour autant toutes les effacer (proaction).

Expérience :  Stroop effect experiment

 

    
Liens
Lien :  Briefing Notes: AmnesiaLien :  Memory: amnesiaLien :  While You Were Sleeping: Recent Discoveries About Amnesia

Certaines amnésies sont très spécialisées et ne touchent qu'un aspect limité de la mémoire. C'est le cas par exemple de la très curieuse prosopagnosie. Cette forme rare d'amnésie, empêche la personne de mémoriser le visage des gens qu'elle rencontre. Que ce soit en vrai ou sur des photos, un collègue de travail ou un membre de sa famille (et même son propre visage dans les cas les plus sévères !), s'ils ne voient que le visage, ces gens ne savent pas à qui ils ont affaire, du moins tant que la personne n'a pas parlé. Car ils peuvent cependant souvent reconnaître la voix et la silhouette de quelqu'un, et le reste de leur mémoire fonctionne normalement.

Ce déficit a mis la puce à l'oreille des chercheurs qui ont par la suite découvert que certains neurones de notre cerveau ne réagissaient que lorsqu'on voit des visages, et pas d'autres objets. Ils expliquent cette spécialisation très poussée par le fait que 1) la reconnaissance des individus, si importante dans une espèce sociale comme la nôtre, se fait chez nous principalement par le visage, et 2) les visages sont tous construits selon un même pattern et ne diffèrent que par de minimes nuances, d'où les neurones spécialisés qui leur seraient alloués.

Lien :  Faces, Faces Everywhere

 

TYPES D'AMNÉSIES
EXERCER SA MÉMOIRE CONTRE L'OUBLIAMNÉSIE ANTÉROGRADE ET RÉTROGRADE

Il existe, tant pour les amnésies d'origine neurologique (avec lésions organiques) que psychogène (découlant d'un traumatisme psychique), des syndromes bien répertoriés. En voici quelques uns :

 

Amnésies neurologiques:

La "maladie d'Alzheimer" survient à un âge avancé et se caractérise par la dégénérescence de certains neurones du cerveau. Un des premiers signes d'alerte de la maladie sont les troubles de mémoire. C'est d'ailleurs ce qui rend difficile son diagnostique précoce puisque à cet âge plusieurs personnes commencent à avoir des petites pertes de mémoire (phénomène normal lié au vieillissement). Mais pour la personne atteinte d'Alzheimer, les différentes formes de mémoire vont s'effondrer en quelques années: d'abord la mémoire épisodique (des événements de notre vie), puis la mémoire à court terme, ensuite la mémoire du sens des mots, puis finalement la mémoire du savoir faire. Bref, c'est finalement tout le raisonnement, l'attention et le langage qui se trouvent perturbés.

Le syndrome de Korsakoff est causé par l'alcoolisme chronique (possiblement dû à une carence en vitamine B1). Les dommages cérébraux de ce syndrome amènent une amnésie antérograde qui va en s'aggravant. Celle-ci peut aussi s'accompagner d'une amnésie rétrograde (les souvenirs les moins anciens disparaissant les premiers). Souvent totalement inconscient de son trouble, le malade répond aux questions en fabulant, avec une sorte d'euphorie qui conduit aussi à de fausses reconnaissances. Mais la caractéristique essentielle demeure un oubli à mesure, une amnésie antérograde avec conservation de la mémoire immédiate.

Les ictus amnésiques sont des amnésies brèves (quelques heures), aux causes mal connues, et qui apparaissent brutalement. La crise amnésique dure en moyenne entre six et dix heures chez des sujets par ailleurs en bonne santé mais ayant dépassé la cinquantaine. Elle ne s'accompagne d'aucune lésion cérébrale définitive. Pourtant, pendant la crise, la personne souffre d'une amnésie antérograde majeure, oubliant quasi instantanément tout ce qui vient de se passer. À cela s'ajoute souvent une amnésie rétrograde couvrant plusieurs décennies.

 

Amnésies psychogènes:

L'amnésie psychogène la plus courante est celle associée à l'expérience d'un événement violent, comme une agression ou des sévices sexuels.

Cette forme d'amnésie psychogène s'accompagne parfois de fugues survenant après une relation ayant entraîné un choc émotif. La police recueille souvent ces personnes qui ne se souviennent ni de leur nom ni de leur adresse.

Ces fuyards perdent leurs souvenirs biographiques, mais leur mémoire sémantique et procédurale est préservée. Leurs épisodes amnésiques peuvent ainsi durer de quelques heures à plusieurs jours, voire parfois des mois. Ces cas demeurent toutefois rares, même si les médias leur accordent souvent beaucoup d'importance.

Les troubles de personnalité multiple, dans lesquels deux ou plusieurs personnalités donnent l'impression de coexister dans le même corps, impliquent aussi une interruption de la mémoire. Chacune des personnalités ne semble pas avoir accès aux souvenirs qu'emmagasinent les autres.

Cette amnésie affecte donc prioritairement les souvenirs biographiques, laissant la mémoire sémantique et procédurale accessible à toutes les identités. On pense que ces troubles se développent comme des mécanismes de défense contre les abus ou les privations durant l'enfance.






    

Après un commotion cérébrale à l'âge de 9 ans, le patient H.M. souffre de crises d'épilepsie qui ne répondent pas à la médication de l'époque. En 1953, à l'âge de 27 ans, il subit une intervention chirurgicale dans le but d'extraire les régions du cortex générant les crises d'épilepsie. On lui enlève les deux lobes corticaux temporaux médians, c'est-à-dire l'hippocampe et les aires avoisinantes.
Les crises cessèrent, mais l'opération fut à l'origine d'une sévère amnésie antérograde qui empêcha dorénavant H.M. de retenir des faits nouveaux. Décrivant son état comme celui d'un espèce de rêve éveillé, conservant toute son intelligence et les souvenirs de son passé lointain, il ne reconnaissait plus le médecin qui le traitait depuis plusieurs années, lisait constamment les mêmes magazines, etc.

Histoire :  The Day His World Stood Still: The Strange Story of "H.M."Lien :  Voyage au centre de la mémoireExpérience :  Tower of Hanoi

 

L'inoubliable cerveau d'un amnésique

AMNÉSIE ANTÉROGRADE ET RÉTROGRADE
EXERCER SA MÉMOIRE CONTRE L'OUBLITYPES D'AMNÉSIES

L'amnésie antérograde (ou de fixation) et rétrograde (ou d'évocation) réfèrent à l'incapacité de se souvenir ou de reconnaître de nouvelles informations ou de nouveaux événements survenus respectivement après et avant le début de l'amnésie.

Dans le cas célèbre du patient H.M. par exemple (voir encadré), on a pu mettre en évidence une sévère amnésie antérograde à laquelle s'ajoutait une plus légère amnésie rétrograde couvrant une période de deux ans avant l'opération.

Cette inhabileté à emmagasiner de nouveaux souvenirs à long terme eu pour effet de geler littéralement son histoire personnelle et ses connaissances au niveau où ils étaient au moment de l'opération. Après celle-ci, H.M. ne pouvait plus par exemple retenir une liste de mots après un délai de quelques minutes. Il avait aussi de la difficulté avec les nouveaux mots qui apparaissaient comme jacuzzi ou granola.

Pourtant sa mémoire à court terme et sa mémoire implicite ainsi que celle de ses souvenirs lointains étaient intactes. H.M. pouvait par exemple apprendre de nouvelles habiletés (poursuivre une cible ou copier un objet dans un miroir, par exemple) même s'il ne se souvenait pas d'avoir effectué une tâche pourtant longtemps pratiquée. Cette dissociation de la mémoire déclarative des autres types de mémoire contribua grandement à jeter les bases des grands systèmes de mémoire que l'on connaît aujourd'hui.

Le problème des tours de Hanoï: un des test ayant servi à évaluer les capacités cognitives de H.M. suite à l'opération l'ayant rendu amnésique.

Source: Center for Research, Teaching and Learning - National Technical Institute for the Deaf

Dans ces deux tests, H.M. s'améliore au fil des jours même s'il a l'impression à chaque jour de faire le test pour la première fois. Cela montre que malgré son amnésie, certains apprentissages procéduraux lui sont encore possibles.

 

Le test de dessin vu à travers un miroir.

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